Une étude inédite de l’histoire de l’alimentation en Lorraine comme pratique sociale.
En fait, l’histoire de l’alimentation est toujours à la croisée de plusieurs axes d’études. En effet, comprendre l’approvisionnement d’une ville, quelle que soit l’époque, c’est certes regarder des circuits de production et commerciaux, c’est aussi, parfois, interroger des pratiques politiques : on sait le soin apporté dans la Rome antique au ravitaillement de la ville romaine, tout comme celui donné à ce que les Parisiens aient de quoi manger. Nourrir est donc aussi un acte politique, ici afin de ne pas laisser le peuple gronder, voire pire. Se nourrir est un acte social, en partant de l’alimentation la plus frugale, exigeant peu de moyens et de savoir-faire, jusqu’à la préparation la plus sophistiquée, renforcée par des échanges commerciaux et culturels, qui devient alors instrument de distinction. L’histoire de l’alimentation s’intéresse à ce vaste panel, à travers les âges, qui touche du plus pauvre au plus riche. Les sources et documents pour aborder cette question sont nombreux : ils vont des objets et vestiges archéologiques aux livres de comptes, en passant par les livres de recettes, des listes de stocks de
denrées et des inventaires après décès. À chaque période ses sources, ou presque. C’est ce que nous montrent les présents articles réunis dans cet ouvrage qui embrasse une chronologie très large sur un territoire commun : la Lorraine.
Les actes de colloques sont publiés et disponibles auprès de l’éditeur Edhisto. Cependant, à l’occasion des printemps de l’archéologie, nous vous proposons de retrouver les conférences liées à cette matière s’étant tenues durant ces deux journées de colloques riches en interventions.
“La viticulture en Lorraine de l’Antiquité aux Temps modernes à travers l’archéologie préventive. État des connaissances“
Par Renée LANSIVAL – Ingénieur chargé de recherche et INRAP Julian WIETHOLD – Docteur, chargé opération et de recherche – INRAP
“Quelques problématiques de l’alimentation du combattant de la Grande Guerre à travers l’archéologie”
Par Michaël LANDOLT, ingénieur d’études, service régional de l’archéologie – DRAC Lorraine, chercheur associé UMR7044 Archimède.
“Le développement de l’archéologie de la Première Guerre mondiale en France depuis quelques années s’est récemment accompagné d’une définition de nouvelles problématiques d’études. Parmi celles-ci, l’étude archéologique des dépotoirs vient véritablement compléter notre vision de la Grande Guerre. De nombreux éléments, issus du mobilier rejeté dans ces structures, sont à mettre en relation avec l’alimentation. L’évocation par les soldats des conditions alimentaires au front et au repos est trop souvent parcellaire et anecdotique. Ainsi, les objets et les restes alimentaires qui leurs sont liés méritent une attention particulière car ils contiennent une quantité d’informations encore sous exploitées.
Même si ces vestiges ont malheureusement souvent été délaissés, au profit des fouilleurs clandestins, les études scientifiques démontrent aujourd’hui le potentiel documentaire de ce mobilier. A partir de corpus principalement issus de Champagne-Ardenne, Lorraine et Alsace, l’alimentation des soldats allemands et français pourra être abordée. L’accent sera donné sur les spécificités de chaque belligérant à partir de quelques exemples caractéristiques (boissons, condiments, conserves, viande…). Cette étude comparative pluridisciplinaire développera plusieurs problématiques depuis la fabrication des aliments jusqu’au rejet des restes alimentaires. Les thématiques suivantes seront par exemple abordées :
– les circuits d’approvisionnement (officiels et personnels),
– les types de contenants adaptés à la guerre,
– les matériaux des contenants (métal, verre, céramique, grès, faïence et porcelaine),
– l’origine et la fabrication des contenants,
– la pénurie et le détournement de contenants,
– la figuration patriotique sur les contenants,
– l’alimentation carnée à travers l’archéozoologie,
– l’hygiène alimentaire à travers la paléoparasitologie,
– les objets liés à la prise du repas avec la récupération d’objets,
– l’élimination des déchets alimentaires (ensevelissement, destruction et recyclage).”