Le mercredi 10 mai 2023
19h30 à 21h00
Conférence
Plusieurs fouilles archéologiques ont récemment porté sur des camps de prisonniers de guerre de la Seconde Guerre Mondiale mais il subsiste également en France les vestiges de nombreux camps ayant servi à la même période et dans les décennies suivantes à interner des civils ou bien des militaires n’ayant pas le statut de prisonniers de guerre et/ou non soumis à la convention de Genève. En 1939 sont ainsi concernés 500 000 Espagnols républicains ayant fuis le franquisme et 20 000 travailleurs forcés indochinois ; sous le régime de Vichy les Juifs raflés en vue de leur déportation vers l’Allemagne et divers « indésirables » (tsiganes, clochards, communistes). Parallèlement, en Alsace-Moselle annexée au Reich, les autorités nazies installent une série de camps destinés à la répression politique, aux militaires soviétiques et aux travailleurs forcés. Beaucoup de camps accueillent après la guerre les suspects de collaboration ; certains servent ensuite jusque dans les années 1960 pour les prisonniers du FLN puis de l’OAS, mais aussi pour héberger les Harkis rapatriés d’Algérie.
La vol
onté affichée de faire oublier des épisodes historiques considérés comme « gênants » (régime de Vichy, guerre d’Algérie) conduit dans les décennies de l’après-guerre à jeter un voile pudique sur l’existence des camps, dont les sites sont livrés à l’oubli. Les bâtiments qui avaient été transformés pour héberger des internés retournent à leur usage premier tandis que les baraques en bois disparaissent rapidement, victimes des intempéries, ou sont volontairement détruites. Hormis le Mémorial national de la déportation à Natzwiller inauguré en 1960, seuls quelques monuments modestes sont érigés grâce à des initiatives privées. Beaucoup de vestiges sont rasés dans l’indifférence générale pour faire place à de nouvelles constructions. Il faut attendre les années 2000 pour que soit récompensée l’action pionnière de quelques passionnés et que se réalisent les premières protections au titre des Monuments historiques autres que celle emblématique de Natzweiler-Struthof en 1950-1951 (protection étendue en 2011) : Rivesaltes en 2000, Les Milles en 2004, Drancy en 2005 et Montreuil-Bellay en 2010. Il subsiste toutefois encore certaines réticences. L’inauguration de mémoriaux à Drancy et aux Milles en 2012 ainsi qu’à Rivesaltes en 2015 confirme pourtant l’intérêt qu’il y a à sauvegarder les vestiges des camps, même si ceux-ci sont souvent fragiles et que leur restauration peut s’avérer coûteuse.
Aujourd’hui, de véritables études archéologiques sont mises en place dans le cadre de la mise en valeur et de la restauration de ces camps. On développera les études en cours menées au fort de Queuleu à Metz et sur le site de l’ancien camp de concentration de Natzweiler-Struthof avec ses annexes situées sur les deux rives du Rhin (Alsace, Moselle et Allemagne). Ces programmes participent au développement de la recherche française sur ces problématiques encore balbutiantes par rapport à celles déjà développées en Allemagne, Autriche ou Pologne.
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Mercredi 10 mai 2023 – 19h30 – Cloître des Récollets à Metz (1 rue des Récollets 57000 METZ) – Gratuit
Attention la conférence, initialement prévue à l’hôtel de ville de Metz, est déplacée au cloître des Récollets à Metz.