Le mercredi 4 mars 2020
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Par Alexandre SUMPF
Maître de conférences (HDR) en histoire contemporaine
à l’Université de Strasbourg
C’est l’histoire d’un assassinat annoncé et sans
cesse déjoué, d’un attentat longuement prémédité et
totalement improvisé. C’est l’histoire d’une dynastie
née au coeur d’une guerre civile, se perpétuant
pendant trois siècles par la violence d’État contre la
révolution populaire. C’est l’histoire d’un groupe de
jeunes gens prêts à mourir pour la cause, de quelques
hommes et d’une femme qui se résolvent à la terreur
pour abattre les symboles de l’oppression. C’est
l’histoire d’une société figée dans sa hiérarchie que
commence tout juste à ébranler l’industrialisation
et que l’abolition imposée du servage plonge dans
le chaos économique. C’est l’histoire du tsar le plus
libéral de sa lignée qui échoue dans sa tentative
de moderniser le pays faute d’avoir consenti à
changer de système politique. C’est l’histoire d’un
évènement instrumentalisé par les forces les plus
réactionnaires et d’une vague de terreur qui vise
particulièrement les Juifs. Le 3 mars 1881, lorsque
Alexandre II tombe sous les balles et les bombes,
une porte de progrès timidement entrouverte se
referme brutalement, comme si souvent en Russie.